Les Chants du Serviteur
dans le livre d'Isaïe
Voici mon serviteur que je soutiens, (...)
j'ai mis mon Esprit sur lui. Pour les nations il fera paraître le droit, il ne criera pas, il
n'élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre dans la rue sa clameur ; il
ne brisera pas le roseau ployé, il n'éteindra pas la mèche qui s'étiole ;
à coup sûr, il fera paraître le droit. Lui ne s’étiolera pas, lui ne ploiera
pas, jusqu’à ce qu’il ait imposé sur la terre le droit (...). Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui a créé les cieux et qui les a tendus (...) donné respiration à la
multitude qui la couvre et souffle à ceux qui la parcourent : C'est moi le
Seigneur, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai tenu par la main, je t'ai
mis en réserve et je t'ai destiné à être l'alliance du peuple, à être la
lumière des nations, à ouvrir les yeux aveuglés, à tirer du cachot le
prisonnier, de la maison d'arrêt, les habitants des ténèbres. Isaïe 42, 1-7
C'est un jardinier entre terre et ciel.
Il ouvre ses mains, et reçoit du ciel la pluie, l'Esprit, la
force, et la parole; puis il fait sortir de terre le droit et la justice. Attentif
à la croissance de ce qui encore est invisible, il retient sa voix en infinie
douceur devant toute peine, toute flamme hésitante.
Mais lui est fort de la main qui le tient, comme elle tient
la terre et le ciel, les mers et les terres habitées. Fort aussi du Souffle
partout donné, souverain sur les ténèbres, sur toute ombre de mort.
Le Seigneur m'a appelé dès le sein maternel,
dès le ventre de ma mère, il s'est répété mon nom. Il a disposé ma bouche
comme une épée pointue, dans l'ombre de sa main il m'a dissimulé. Il m'a
disposé comme une flèche acérée, dans son carquois il m'a tenu caché. Il m'a
dit : « Mon serviteur, c'est toi, Israël, toi par qui je manifesterai
ma splendeur. » Mais moi je disais : « C'est en vain que je me
suis fatigué, c'est pour du vide, pour du vent, que j'ai épuisé mon
énergie ! » En fait, mon droit m'attendait auprès du Seigneur, ma
récompense, auprès de mon Dieu. (...) Isaïe 49,1-9
Parfois il hésite, à quoi bon tout cela; d'autres jours, ou
les mêmes, sa parole est tranchante, souveraine à son tour. Quand il parle,
autour de lui s'éclairent les cœurs, se révèlent les princes; le monde se remet
à l'endroit.
Il va son chemin de Juste, et cette route bientôt ne connait plus de
frontières.
Le Seigneur Dieu m'a donné une langue de disciple : pour que je
sache soulager l'affaibli, il fait surgir une parole. Matin après matin, il me
fait dresser l'oreille, pour que j'écoute, comme les disciples. Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille. Et moi, je ne me suis pas cabré,
je ne me suis pas rejeté en arrière. J'ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, mes joues, à ceux qui
m'arrachaient la barbe ; je n'ai pas caché mon visage face aux outrages et
aux crachats. C'est que le Seigneur Dieu me vient en aide : dès lors je ne cède
pas aux outrages, dès lors j'ai rendu mon visage dur comme un silex, j'ai su
que je n'éprouverais pas de honte. Il est proche, celui qui me justifie ! (...) Isaïe 50, 4-10
Le voilà entre langue
et oreille, debout dans la
fidélité des matins, la parole reçue posée comme un baume sur toute douleur. Mais
sa voix se heurte aux chardons du monde, aux langues de vipère, aux coups des envieux. Chaos du monde
qui s'acharnent... Consentement du Serviteur à la Lumière que rien n'arrête...
Voici que mon Serviteur réussira, il sera haut placé, élevé, exalté à
l’extrême. De même que les foules ont été horrifiées à son sujet – à ce
point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme, et son aspect
n’était plus celui des fils d’Adam –, de même à son sujet des foules de
nations vont être émerveillées, des rois vont rester bouche close, car ils
voient ce qui ne leur avait pas été raconté, et ils observent ce qu’ils
n’avaient pas entendu dire (...). Il était méprisé, laissé de côté par les
hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on
cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. En fait,
ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a
supportées, et nous, nous l’estimions touché, frappé par Dieu et humilié. Mais
lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos
perversités (...). Isaïe 52,13 et tout le chapitre 53
Que dire de plus ?
Laisser la nuit descendre, le
silence tout habiter. Recueillir les mots qui passent le tamis de la
souffrance, traverser la ténèbre avec eux, en cueillir la sève de vie, et la
laisser guérir toute peur et tout mal.
S'effacer devant la beauté du
chant, limpide soudain, dans la puissance du Serviteur que plus rien ne tient
captif.
Et au matin qui suit la nuit la
plus profonde, écouter la Joie de La Ville, partir à la recherche du jardin où
tout a commencé, et rencontrer Le Jardinier...
A Maud, qui a
suivi le chemin du Christ Serviteur, et a rejoint cette semaine la maison du
Père.