dimanche 19 juillet 2015


"Et Toi, Tu t'es attaché à ma vie..."

(Isaïe 38,9-22)

Isaïe mon ami. Cela aussi, tu l'avais dit : la vie qui s'épuise, la joie qui s'étiole peu à peu et dont on s'aperçoit un jour qu'elle est enfouie si loin. Et même la force de révolte qui disparaît à son tour, noyée sous la peine silencieuse; le regard transparent étonné de la vie qui continue autour. 
Même cela, le Dieu que tu chantes le prend en lui et votre longue fréquentation t'en a donné l'assurance. Tu le mets sur les lèvres d'Ézéchias, sois remercié d'avoir recueilli cette sève de mots dont seule la Source désaltère.


"Ecrit d'Ezéchias, roi de Juda, lors de la maladie dont il fut guéri. 
Je disais : Au midi de mes jours, je m'en vais, aux portes du séjour des morts, je serai gardé pour le reste de mes ans. 
Je disais : Je ne verrai pas Le Seigneur, Le Seigneur, sur la terre des vivants, je ne pourrai plus voir un visage d'humain parmi les habitants du pays où tout s'arrête.
"Ma demeure est enlevée et exilée loin de moi, comme une tente de berger, comme un tisserand j'ai enroulé ma vie. Il m'a arraché à la chaîne de tissage... 
Du jour à la nuit, tu en auras fini avec moi. Avant le matin, je serai réduit à rien...
Mes yeux levés vers toi n’en peuvent plus : Seigneur, je suis écrasé, interviens pour moi ! 
Je dois traîner toutes mes années avec l'amertume qui est la mienne. 
Mon amertume s'est changée en paix.
"Le Seigneur est auprès des siens, et tout ce qui est en eux vit par mon esprit", tu me rétablis, tu me rends à la vie...
Et toi, tu t'es attaché à ma vie pour que j'évite la fosse et tu as jeté derrière toi tous mes péchés."


Les mots se bousculent, cherchant un chemin entre désarroi et confiance. Des images disent la vie qui s'effiloche et rien qui ne la retient. Rien, si ce n'est Dieu lui-même, seul garant absolument fiable de cette vie profonde. Un Dieu qui s'attache de lui-même à la vie parfois si ténue, si amère. Un Dieu qui le premier a le désir de vie quand celui-ci vacille en l'âme affolée. 
Lumière à l'orée du silence, consentement au jour qui vient.



Le vivant, le vivant lui seul te loue, comme moi aujourd'hui !