mardi 10 mars 2015



Jour d'orage au Temple

(Evangile de Luc, chapitres 19,45 au ch. 21,38)

La lumière délaisse toute prudence et prend sa part dans la colère qui s'annonce. L'ocre des pierres, le noir qui s'engouffre à l'horizon, tout prend un relief insoupçonné, comme une vérité trop longtemps étouffée, enfin prête à se déployer. Et voici l'homme de Nazareth qui entre. Il est aussitôt pris à partie par tous les corps constitués, ceux qui se drapent dans leur argent, leur savoir et leur pouvoir, fussent-ils religieux. En quelques mots sont dévoilés tous ces univers clos. Et lui trace son chemin, s'approche du cœur du Temple. Parmi ses  proches, quelques-uns ne peuvent retenir un cri d'admiration devant la majesté des pierres nappées de cette lumière inhabituelle. Mais lui, c'est vers une femme qu'il tourne son regard. Une veuve, pauvre aux yeux de ceux qui restent dans le monde obscur des apparences, aussi discrète que le bruit de ses piécettes dans le tronc. La lumière s'arrête sur elle, et les pierres de Salomon, les décors flamboyants ne voient plus qu'elle et son offrande, sa vie toute entière offerte. Ils l'attendaient depuis si longtemps. Et la voilà revêtue de la splendeur du lieu. Jésus seul la voit telle qu'elle est : leur tunique est de la même étoffe. Plus rien alors n'échappe à sa parole infiniment lucide qui voit et dit en ce jour plus loin que le présent. 


Merci à Anne pour la photo