dimanche 31 janvier 2016


Au commencement, l'hospitalité

 Genèse 18 et 19

A l'ombre d'un chêne, Abraham et Sarah accueillent des étrangers de passage, les invitent à se poser sous l'ombre bienfaisante du grand arbre, prennent soin de leur bien-être et leur offrent un repas grandiose. Une hospitalité offerte avec empressement et qui inaugure une longue histoire, celle du peuple de Dieu. En effet, les visiteurs - qui révèlent peu à peu qui ils sont : des messagers de Dieu et... Dieu lui-même - sont venus avec une annonce inouïe : la naissance de l'enfant tant attendu chez ce couple âgé et stérile. "Au temps de la vie"... selon la belle expression reprise deux fois dans ce récit. De part et d'autre, l'inattendu et la profusion. La vie qui survient dans la torpeur du désert, l'empressement qui manifeste son accueil.
Au chapitre suivant, autre décor, mais dans lequel on retrouve les hôtes d'Abraham : Le Seigneur et deux de ses messagers (c'est le sens du mot "anges"). Ces derniers partent en éclaireurs pendant qu'Abraham, prenant au sérieux sa mission de porteur de bénédiction "pour toutes les familles de la terre", négocie avec Dieu afin que soit épargnée Sodome, à cause des justes qui s'y trouvent. Les messagers arrivent à Sodome; Loth, le neveu d'Abraham, les accueille chez lui mais telle n'est pas l'intention de ses concitoyens. Eux ne projettent que violence et exclusion. Violence envers les invités de Loth, exclusion de celui-ci qui tente de protéger ses hôtes : "En voilà un qui est venu en émigré et qui veut faire la justice chez nous ! Et bien, nous te ferons plus de mal qu'à eux". On connaît la fin de l'histoire : ruine et destruction pour Sodome et Gomorrhe. Seuls Loth et ses filles seront épargnés car, dit le texte biblique, "Dieu se souvint d'Abraham".
Deux scènes en écho et en contraste. Philoxénie d'Abraham (c'est ainsi que la tradition d'Orient nomme l'épisode) et xénophobie. Diptyque qui met en récit et en images le choix fondamental qui constitue le fil rouge de la Bible : "C'est la vie et la mort que j'ai mises devant vous, c'est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t'attachant à lui."  (Dt 30,19)


vendredi 22 janvier 2016


Son Nom à jamais posé sur nos vies


Le Seigneur parla à Moïse et dit :
« Parle à Aaron et à ses fils et dis :
voici, vous bénirez les fils d’Israël, vous leur direz :

“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage et t’accorde sa grâce !
Que le Seigneur lève son visage sur toi et mette sur toi la paix !”

Alors ils mettront mon nom
sur les fils d’Israël,
et moi je les bénirai. »
Livre des Nombres 6,22-27


Dans la Bible hébraïque, le livre des Nombres s'appelle "Bemidbar", c'est-à-dire "Dans le désert...". La grande traversée se poursuit en effet, entre Egypte et Terre promise. Mais avant de reprendre la route, les premiers chapitres du livre rendent compte de recensements, égrènent quantité de noms propres, énoncent des lois et donnent des indications à propos du culte et de ses acteurs... Austères pages qui décrivent le monde concret dans lequel vit alors le peuple d'Israël.

Au milieu de ces listes sans fin, surgit, inattendue, une parole si dense, si forte, que la liturgie de l’Église l'a choisie pour ouvrir chaque nouvelle année. C'est une parole de Bénédiction, la seule qui vaille d'être dite et partagée au seuil de tant de possibles, de promesses, de désirs, d'espérance, de craintes et de confiance...

Une Parole qui n'arrive pas en ligne directe aux intéressés, mais prend son temps et passe par d'autres, tissant secrètement les liens d'une bénédiction commune.

Au cœur de cet écrin : la présence du Seigneur, Sa lumière qui se transmet de Visage à visage; Sa paix déposée dans un Souffle; Son regard qui veille, prend soin et accompagne. 
Un puits caché dans le désert, une source au bord du long chemin.

Au milieu des pages parfois austères de nos vies, se tient à nos côtés, fidèle, cette parole de bénédiction. Non pour se réfugier dans quelques mots apaisants, fuir un instant les angoisses du temps, se consoler à moindres frais face à la dureté et la complexité du monde. Mais pour reprendre force, courage et sens en renouant avec la Présence divine qui nous fonde et nous porte.  
Son Nom à jamais posé sur nos vies.