mardi 2 août 2016


"Car sa pensée est plus vaste que l'océan"

Livre du Siracide (ou "Ecclésiastique"), chapitre 24 (à lire absolument !) 


Au beau milieu du livre du Siracide, si plein de sages conseils pour la vie quotidienne, surgit un poème, un chant inattendu. Ben Sirac, l'auteur du livre, s'efface et laisse la parole à Dame Sagesse. Venant du Trés-Haut, la sagesse, mystérieusement médiatrice entre les univers divin et humain, est en effet souvent personnifiée dans les livres de sagesse. Présente dans le jeu, la gratuité et la joie comme dans le livre des Proverbes (8,30-31); dans l'abondance et la beauté de la Création selon ce chapitre 24 du Siracide.
Ici, la Sagesse, mouvante et fluide, voyage d'abord entre les étoiles avant de chercher où habiter sur terre. Elle la parcourt et semble la couver. Puis trouve abri sous une toile de tente en plein cœur de Jérusalem : le Temple et ses parfums sont pour elle un univers familier où il fera bon vivre. Et quand elle déclare s'enraciner dans cette ville, cette terre, ce peuple, ce sont les arbres des quatre coins de la Terre Sainte qui sont convoqués pour dire la jubilation et la fécondité de sa croissance : cèdre, cyprès, olivier, laurier-rose... Seule la Création semble au diapason de la joie ressentie, sa beauté et sa profusion participent à la célébration du grand mystère de cette Vie venue de Dieu.  
Après une bonne vingtaine de versets où la Sagesse se donne ainsi, à la fois cosmique et intime, à tous ceux qui ont faim et soif d'elle, à tous ceux dont le désir de vie jamais n'est comblé, Ben Sira reprend la parole : vous avez été émerveillés, bousculés, un peu perdus dans cette avalanche d'images, de parfums, de sensations ? Et bien, tout cela ce n'est rien d'autre que le livre de l'Alliance, la Loi donnée par Moïse. Comprenne qui pourra.

En plus des arbres, fruits, pierres précieuses et parfums, voici maintenant des fleuves abondants et généreux. Ceux du Paradis, qui portent en eux la saveur du premier jardin (Gn 2, 10-14) et deux autres chargés de l'histoire du peuple d'Israël : le Jourdain et le Nil. Histoire douloureuse, histoire de salut, histoire avec Dieu, là encore, pas à pas.

Ben Sirac pourrait se sentir tout petit devant cette profusion, mais il se découvre lui-même comme un canal, issu d'un fleuve, comme un cours d'eau venant du/au paradis. Le voilà à même de bien s'occuper de son jardin, le petit bout de terre à lui confié. Mais il n'est pas au bout de ses surprises, car le voici à présent emporté à son tour par le mouvement de plénitude et d'abondance qui irrigue tout le discours de Dame Sagesse. Il ne peut alors que constater : "Et voici que mon canal est devenu fleuve et mon fleuve est devenu mer". Plus rien alors ne l'arrête dans la transmission de cette lumière venue du premier jour, de l'eau qui désaltère, de la  Parole qui donne Vie.

Et moi, j’étais comme un canal qui dérive d’un fleuve,
comme un aqueduc entrant dans un jardin.
Je me suis dit : « Je vais arroser mon jardin, je vais inonder mon parterre. »
Et voici que mon canal est devenu un fleuve 
et que mon fleuve est devenu une mer.
Je vais encore faire briller l’instruction comme l’aurore, et au loin diffuser sa lumière.
 Je vais encore répandre l’enseignement comme une prophétie et le léguer aux générations futures. 
Voyez, ce n’est pas pour moi seul que j’ai peiné, mais pour tous ceux qui cherchent la sagesse.
Siracide 24, 30-34
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2 commentaires:

  1. Bravo Isabelle pour cette belle incitation à lire le chapitre 24 d'un livre que pour ma part je connais mal.
    Promis je le lis et je réagis !
    Bon ete
    Fse

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  2. Quel bonheur que ce chapitre 24 venu en écho du psaume 103 appris par cœur ces jours en Lorraine auprès de mes vieux parents, racines vigoureuses qui donnent leur sagesse et leur tendresse.

    Béni soit Dieu et toi aussi chère Isabelle !
    Martine

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